L’adoucisseur à sodium figure parmi les plus gros scandales de l’eau, tant le n’importe quoi du marketing se mêle aux conflits d'intérêt et à l'insulte au bon sens. Les fabricants occultent évidemment les risques mais ce sont curieusement leurs avis qui s’affichent sur les moteurs de recherche... Qu’en est-il véritablement ? Est-il dangereux de boire de l'eau adoucie ? L’adoucisseur d’eau est-il un problématique pour la santé ? Est-ce une solution écologique ? Les informations fournies par les fabricants d'adoucisseur sont-elles fiables ? Surprises et solutions écologiques (sans sel) avec l'auteur du livre La Qualité de l'eau (Ed. Médicis, 2020)
Dans cet article :
Les fabricants d’adoucisseurs semblent avoir compris le fonctionnement des moteurs de recherche : ils posent les questions qui fâchent et y répondent de manière plus ou moins exhaustive sur une page dédiée afin d’apparaître en bonne position dans les réponses… et induire ainsi en erreur les citoyens qui se posent pourtant les bonnes questions !
Qu’est-ce que l’eau adoucie ?
La confusion des mots domine et permet toutes les outrances. Lorsque l’on ne sait plus de quoi l’on parle, on acceptera plus facilement le grand n’importe quoi du marketing ou du greenwashing. En l’occurrence, il y a donc souvent confusion entre "eau douce" et "eau adoucie".
Selon Wikipedia, « L'eau douce est une eau dont la salinité est faible, par opposition à l'eau de mer et à l'eau saumâtre. C'est l'eau de pluie, l'eau des rivières, des lacs, des nappes phréatiques, des glaciers, des tourbières, etc. »
Nous avons donc l’eau salée d’une part (plus de 97 %) et l’eau douce de l’autre (moins de 3 %), seule eau véritablement propre – lorsqu’elle n’est pas trop sale – à la consommation. Mais entre la glace (80 %) et l’eau inaccessible car enfouie trop profondément dans le sol (95 % des 20 % restants), l’eau douce disponible ne représente finalement que 0,01 % de l’eau totale : 1 litre pour 10 000 litres ! C’est donc une eau rare et précieuse, qu’il convient de préserver et de respecter.
« Traitée par un adoucisseur, l’eau adoucie est une eau allégée des minéraux de calcium et de magnésium à l’origine de la formation du calcaire. Une eau bien plus douce à utiliser au quotidien. » explique une grosse marque.
Il y aurait donc l’eau douce et l’eau "bien plus douce" ? « Comment définir l’eau adoucie ? Soyons honnêtes, c’est une question piège. Et pour cause : d’instinct, il est tentant de faire le lien entre l’eau adoucie et l’eau douce qui coule dans nos rivières. Mais ces deux eaux sont bien différentes… »
En effet ces eaux sont différentes et ce qui les distingue est la teneur en sodium ou sel (multiplier par 2.5 pour passer du sodium au sel) ! Une eau douce n’en a pas – ou très peu (au maximum 20mg/L de sodium dans les eaux de surface) – là où l’eau adoucie en a forcément beaucoup plus (jusqu’à 200 mg/L autorisés soit dix fois plus). Soyons honnête jusqu'au bout et disons-le clairement ? Non car l'idée semble être plutôt de noyer le poisson (dans la confusion)…
Le site ne parle donc pas non plus du rejet d’eau saumâtre via les cycles de régénération des adoucisseurs. Des dizaines de grammes de sels sont rejetés à chaque fois. Certes, nous sommes très loin des rejets des usines de dessalement de l’eau de mer (142 millions de mètres cubes d'eau saumâtre par jour !) mais est-ce une raison s’il existe par ailleurs des dispositifs qui améliorent la qualité de l’eau sans pollution ?
Les dangers de l'eau adoucie ?
Est-il dangereux de boire de l'eau adoucie ? Non répond la plus grosse marque d'adoucisseurs car « Seuls les ions calcium et magnésium ont été permutés par des ions sodium par l'adoucisseur. C'est pourquoi, il n'y a aucun danger à boire de l'eau adoucie. » Le rapport entre les deux affirmations est pour le moins nébuleux mais illustre bien les exercices de contorsions auxquels se livre les communicants.
La page internet commence par rappeler les bienfaits de l’eau. Effectivement, une hydratation de qualité est essentielle pour assurer le bon fonctionnement de l’organisme. Ceci suppose d'avoir une eau plaisante à boire, seule manière d’en boire suffisamment. La première question à se poser est donc la suivante : l'eau adoucie est-elle agréable à boire ? La réponse est non : l’eau adoucie a un goût douceâtre assez désagréable qui incite plutôt à consommer alors de l’eau en plastique… et donc, au regard du coût, à ne pas boire suffisamment ! Le premier risque avec un adoucisseur à sel est donc un défaut d’hydratation d’où découlera alors toute une série de problèmes de santé…
Peut-on boire l'eau d'un adoucisseur ?
« Le petit goût de chlore de l’eau du robinet vous gêne, et vous êtes tenté.e de joindre l’utile à l’agréable en buvant de l’eau adoucie. » commence le site d’une autre grosse marque. Que vient donc faire le chlore là dedans alors que les adoucisseurs ne sont pas des filtres (comme il est d'ailleurs rappelé en fin d'article) ? De toute évidence, il fallait trouver une critique de l’eau du robinet comme accroche…
Bref, peut-on boire l'eau adoucie ? La réponse du fabricant est évidemment sans ambiguïté : « Oui ! Non seulement l’eau adoucie est potable, mais sa consommation est sans danger pour la santé. En effet, dans de nombreuses régions françaises, l’eau est naturellement douce et cela ne pose aucun problème de santé aux consommateurs. » Il fallait oser comparer l’eau qui passe « par des résines synthétiques » pour se charger en sodium et l’eau au naturel des terrains granitiques ou volcaniques, effectivement peu chargés en calcium et magnésium… mais sans sel ! Belle confusion à nouveau entre eau douce et eau adoucie...
« Concrètement, la seule différence entre une eau non traitée par adoucisseur et une eau adoucie, est que cette dernière contient moins de calcium et de magnésium. » Et plus de sodium aussi, non ? Et certainement quelques bactéries si l’adoucisseur n’est pas très correctement entretenu ? Et un coût supplémentaire de plusieurs milliers d'euros ?
« En résumé, boire quotidiennement de l’eau adoucie, c’est possible et c’est même une très bonne solution pour retrouver le plaisir de boire de l’eau du robinet. » En résumé, ce fabricant créé des amalgames honteux et occulte des faits essentiels pour parvenir à ses fins. Sommes-nous vraiment aussi naïfs que cela ? Oui car il s’agit d’une grosse marque… Et puis l’État est censé nous protéger de la publicité mensongère, non ?
Fin août 2024, je me suis retrouvé en Belgique dans une Maison d'Hôte qui prenait apparemment la qualité de l'eau au sérieux. Dans la chambre, une carafe d'eau avec dedans, tenez-vous bien, un bâton Binchotan. Je n'ai jamais considéré cette approche de filtration efficace (au contraire du charbon actif dans lequel s'écoule l'eau) mais j'étais curieux du résultat. Et là, surprise, l'eau était extrêmement douce. Un verre, deux verres, trois verres... Je suis toujours aussi assoiffé et, rapidement, je ne me sens pas très bien. Mon amie - qui a sans doute aussi mal digéré son repas - vomit aux toilettes... Le lendemain, j'aborde notre hôte sur la qualité de l'eau et apprends qu'il a un adoucisseur. La douceur perçue n'était pas liée à une quelconque vitalisation du bâton mais à un adoucisseur et j'avais bu sans le savoir de l'eau adoucie chargée en sel. Mes symptômes du coup faisaient sens. Quant au propriétaire, il ne connaissait en fait rien à la qualité de l'eau et visiblement s'en moquait...
La conclusion est donc que l'on peut très bien réussir à boire de l'eau adoucie mais que ce n'est absolument pas recommandé ! Ce n'est pas moi qui le dit (bon, je le dit aussi) mais l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé, qui met en garde contre l'eau chargée en sodium, notamment pour les personnes ayant des problèmes cardio-vasculaires. De fait, la plupart des utilisateurs d'adoucisseurs boivent plutôt de l'eau en bouteille. De fait, de plus en plus de villes ou communes mettent en garde contre les adoucisseurs et demandent à ce que celui-ci soit installé uniquement sur le circuit d'eau chaude.
En France, c'est encore plus clair : Selon l'Article R1321-53 du code de la santé publique "Le réseau intérieur de distribution mentionné au 3° de l'article R. 1321-43 peut comporter, dans le cas d'installations collectives, un dispositif de traitement complémentaire de la qualité de l'eau, sous réserve que le consommateur final dispose également d'une eau froide non soumise à ce traitement complémentaire." Et le Décret no 2020-1094 du 27 août 2020, art. 2 abrogeait même la mention "dans le cas d'installations collectives".
Les adoucisseurs respectent-ils la réglementation ?
"Le procédé d'adoucissement sur résines échangeuses d'ions est reconnu par le Ministère de la Santé pour le traitement des eaux destinées à la consommation humaine." retrouve-t-on régulièrement sur les sites de promotion. Ce n'est pas tout à fait exact. La Circulaire DG 5/VS 4 n° 2000-166 du 28 mars 2000 relative aux produits de procédés de traitement des eaux destinées à la consommation humaine liste bien l'adoucissement de l'eau... mais dans les précédés de "Dénitrification biologique", au même titre que l'électrodialyse, la distillation ou l'osmose inverse. Est-ce à dire que l'adoucissement est recommandé par le Ministère de la Santé pour être installé chez un particulier? Certainement pas !
Qu'en est-il de la potabilité de l'eau ? L’eau adoucie est-elle encore potable ? Un autre fabricant répond par l'affirmative et précise :
- « L'eau potable répond à des normes très strictes édictées par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et reprises par les réglementations européennes et françaises. » Les normes de l’eau du robinet sont en réalité surtout des normes techniques et économiques – qui plus est en berne – mais elles ont en effet le mérite d’exister, une chance à l'échelle de la planète.
- « L’eau potable adoucie est donc conforme à ces réglementations qui ne citent jamais une teneur minimale en calcium et magnésium à respecter. » Le rapport entre les deux phrase est une nouvelle fois distendu mais l'information est juste : les normes de potabilité tolèrent curieusement jusqu’à 200 mg / L. de sodium alors que les eaux de surface en contiennent rarement plus de 20 mg. Pourquoi cela ? Serait-ce justement pour ne pas perturber le très lucratif marché des adoucisseurs ? Rappelons que les excès de sel (chlorure de sodium: le taux en sel s’obtient en multipliant par 2,5) entraîneraient en France 75 000 accidents cardiovasculaires par an, dont 25 000 décès…
Les adoucisseurs respectent donc en théorie - s'ils sont correctement réglés - les normes (peu contraignantes) de potabilité. Ils ne respectent par contre pas certaines ordonnances, comme par exemple celle de l’OPBD Suisse qui stipule clairement dans son article 3.1 : "L’eau potable ne doit présenter aucune altération de l’odeur, du goût et de l’aspect, tandis que le type et la concentration des microorganismes, parasites et contaminants ne doivent présenter aucun danger pour la santé."
Or que se passe-t-il avec un adoucisseur ? Déjà, le goût est forcément altéré via le remplacement du calcium-magnésium par du sodium. Ensuite, la prolifération microbienne augmente rapidement en l'absence d'un entretien régulier et adéquat. Enfin, des résidus de métaux (via une corrosion de la tuyauterie) sont susceptibles de se retrouver dans l'eau s'il est incorrectement réglé.
Ceci est de notoriété. A la question, Adoucisseurs d'eau: puis-je boire l'eau adoucie ?, le site écoconso belge répond ainsi par la négative : "Pour plusieurs raisons, il est déconseillé de boire l'eau du robinet si elle est adoucie par un appareil." Et de lister les trois raisons ci-dessus.
Les adoucisseurs, les minéraux et la conductivité
Mais revenons au site du fabricant d'adoucisseurs. Les embouteilleurs ou les médecins insistent comme chacun le sait sur l’importance des minéraux pour notre santé. Pas de chance, le principe de l'adoucisseur est de retirer le calcium et le magnésium (censés être bénéfiques) pour le remplacer par du sodium (délétère). Tout comme les vendeurs d'osmoseurs (capables de filtrer les minéraux), le fabricant vise donc plutôt à en démontrer l’inutilité. A raison en soi puisque nous sommes hétérotrophes et donc incapables d’assimiler correctement les minéraux inorganiques des eaux, ce que reconnaît d'ailleurs l'OMS. Nous ne léchons pas de cailloux ! Comme le précise le fabricant « C'est en effet l'alimentation qui couvre la majeure partie des besoins en minéraux et oligo-éléments. »
Mais si les recommandations officielles de l’OMS n’évoquent en effet pas directement de teneur minimale en minéraux « en raison des incertitudes relatives à l’apport minéral de l’eau de boisson », elle impose par contre une conductivité minimale (en rapport avec la teneur en minéraux) afin que l’eau ne soit pas agressive car trop acide pour la tuyauterie, un risque majeur avec un adoucisseur mal réglé ! Or la majorité des adoucisseurs sont mal réglés (afin de paraître être très efficaces contre le calcaire) : selon l'étude du laboratoire cantonal de Thurgovie, 90 % des adoucisseurs anti calcaire avaient une dureté résiduelle à moins de 15 °fH (la norme en France), la moitié étant même en dessous de 7°fH. À ce niveau d’acidité, le risque de corrosion des canalisations et des appareils ménagers est réel et la solution anti calcaire complètement contre-productive…
"Le réglage en France est en général de 7°fH. A chaque fois qu'un chauffe eau se retrouvait percé prématurément, avant les 10 ans habituels, il y avait un adoucisseur !" (Installateur sanitaire venu remplacer notre chauffe eau vieux de 25 ans, le 5 novembre 2024)
Les bienfaits de l'eau adoucie selon les fabricants
Le fabricant a le bon goût (en tout cas sur cette page) de ne pas faire croire aux vertus écologiques de ses adoucisseurs (qui gaspillent de l’eau et rejettent du sel dans la nature) mais il termine opportunément par les bienfaits de l’eau adoucie :
- « L’eau adoucie va prendre soin de vos appareils électroménagers, de vos canalisations, de votre linge et de votre peau » Si l’adoucisseur est correctement réglé, sans doute, mais on peut donc aussi déglinguer ses canalisations et ses appareils en quelques semaines si l'eau est rendue trop acide. Quant au respect de la peau, une bonne partie des problèmes viennent du chlore et non du calcaire…
- « Vous allez également réaliser des économies. » : facture d’électricité, produits nettoyants ou appareils électroménagers préservés. Ces économies seront pourtant vite contrebalancées par le coût de l’adoucisseur, des recharges en sel et du contrat de maintenance avec une visite conseillée au minimum tous les six mois. Surtout, quel sera le budget supplémentaire des eaux en bouteille si l’on ne peut plus boire l’eau adoucie ?
Le fabricant conclut par un catégorique « l’adoucisseur d’eau est sans aucun danger pour la santé. » qui renvoie à une autre page… assez chiche en information sinon pour parler des effets néfastes du calcaire : « Si le calcaire présent dans l’eau n’est pas dangereux pour la santé, il a de nombreux effets indésirables. » Certainement et c’est d’ailleurs pourquoi tant de consommateurs tombent dans le panneau en tentant d’y apporter une solution.
Mais pourquoi investir dans un adoucisseur à sodium alors qu’il existe des solutions beaucoup plus écologiques (sans sel) qui transforment le calcaire en aragonite ? Et pourquoi installer un adoucisseur sur le circuit d’eau froide alors que le tartre ne se forme qu’à environ 55°C ? N’est-il pas enfin très étonnant de se préoccuper davantage de sa bouilloire ou propreté de sa douche que de la qualité de son eau ?
Entre attestations et rigoureux entretiens
Revenons justement à notre question de fond : l’adoucisseur d’eau est-il un danger pour la santé ? Selon le fabricant, « La réponse est non. Tous les adoucisseurs d’eau XX disposent d’une Attestation de Conformité Sanitaire (ACS), qui garantit « l’aptitude d’un produit à entrer en contact avec l’eau destinée à la consommation humaine ».
En quoi une telle attestation réglementaire de base (demandée pour tous les dispositifs en contact avec l'eau) supprimerait-elle les risques liés à l’usage de l’adoucisseur ? Mystère et le site de préciser d’ailleurs plus loin « N’oubliez pas d’entretenir régulièrement votre adoucisseur d’eau pour garantir son bon fonctionnement et allonger sa durée de vie. XX propose un contrat d’entretien d’une à deux visites par an d’un technicien qui vient régler et entretenir l’adoucisseur. »
Cet entretien pluriannuel n’est en effet pas optionnel vu les risques. C’est là que la pratique rattrape la théorie. C’est là que le bât blesse. Un adoucisseur correctement réglé et bien entretenu installé sur le circuit d’eau chaude ne présente aucun danger et peut même être recommandable dans certaines situations très calcaire. Dans les faits, les adoucisseurs mal réglés et mal entretenus installés sur le circuit d’eau froide sont toutefois la norme et font courir des risques inédits pour la santé voire les canalisations. Ce n'est pas pour rien que des fabricants repassent dans un second temps proposer des osmoseurs afin de retrouver une qualité d'eau acceptable...
Adoucisseurs et consommation d'eau
Un adoucisseur d’eau favorise-t-il une forte consommation d’eau ? Non, répond la grosse marque la plus connue – « celle-ci n’augmente pas de manière significative. Elle est même moins élevée que la consommation d’une chasse d’eau dans un foyer de quatre personnes. » Problème : la consommation des WC est le premier ou deuxième poste de l’eau dans une famille, de 20 à 30% de la consommation totale soit en moyenne 40 m3 par an ! Voilà donc une augmentation de la consommation absolument significative, d’autant que les cycles de régénérations fonctionnent de la même manière que l’on soit en famille ou seul ! En moyenne, lors de la régénération un appareil consomme 7 litres d'eau par litre de résine. Et un adoucisseur contient 10, 16, 20, 28 litres ou plus de résine...
Sur la même page, une section « Pourquoi installer un adoucisseur ? » continue dans la désinformation. « Une eau dont le titre hydrotimétrique est supérieur à 15°f est dite dure. Elle est chargée en calcaire et devient la cause de très nombreux désagréments » précise le fabricant. Faux ! Une eau est dite dure seulement à partir de 32°fH ! Or la Notice technique d'information de juin 2015 "Adoucisseurs d'eau - Echangeurs d'ions" de la SSIGE Suisse est claire : "L’adoucissement de l’eau dans le logement n’est pas recommandé par la SSIGE lorsque la dureté totale ne dépasse pas 32 °f."
« La liste des méfaits visibles du calcaire est longue. […] plus une eau est chauffée, plus le calcaire se dépose dans les tuyauteries et canalisations, entraînant une réduction du débit d’eau de votre robinetterie et de fait, une consommation d’eau plus importante. » continue le site. Manipulation encore ! En quoi un débit moins important entraînerait-il une consommation d’eau supplémentaire ?
Tout cela est du grand n’importe quoi et l’on est affligé de se dire que certains internautes vont être assez naïfs pour cliquer sur le gros bouton rose « Être conseillé » pour un mis en relation avec un « conseiller » (sic !) de la marque. Si les erreurs et mensonges dominent, par écrit, sur le site internet, qu’espérer donc d’un commercial payé pour vendre ? Le seul conseil à donner serait plutôt de fuir… vers des informations plus limpides.
L'adoucisseur à sodium est-il écologique ?
« Vrai ou Faux : l’adoucisseur est-il un produit écologique ? » demande une autre grosse marque. Vrai, l’adoucisseur augmente la consommation d’eau, admet le fabricant, mais celle-ci serait très raisonnable avec les nouveaux appareils, de l’ordre de 8m3 d’eau seulement pour une famille de 4 personnes. Plus raisonnable en effet que les 40m3 précédemment mais toujours trop pour un produit généralement inutile.
« Une consommation supplémentaire de l’ordre de 4%, soit un surcoût à l’année de 30 à 40 euros. Une somme rapidement récupérée étant donné les nombreuses économies quotidiennes générées par l’usage de l’eau adoucie. Par exemple en matière de consommation de détergents… » continue le site. Ah les économies de détergents, pourtant jamais amorties via le coût de l'adoucisseur (parfois plus de 8 000 euros via des techniques de ventes agressives) et de son entretien !
« L’avantage n’est pas seulement économique : moins utiliser ces produits, c’est aussi aider à préserver l’environnement. » Ces économie de détergents – qui devraient au passage être labellisés écologiques si l’on souhaite vraiment préserver l’environnement – ne sont curieusement jamais mis en parallèle avec l’eau chargée en sel qui est rejetée par l’adoucisseur dans la nature à chaque cycle de régénération des résines…
L’adoucisseur rejette une eau polluée ? Faux répond le fabricant, « cet argument n’a aucun fondement. […] Tout d’abord, l’eau rejetée contient du chlorure de sodium, un élément initialement prélevé dans… le milieu naturel. » Le sel est présent dans la nature donc relarguer du sel dans l’eau ne serait pas problématique ? Les eaux de surface dépassent rarement les 20mg/L. de sodium tandis que la norme de potabilité - réglée de toute évidence au business des adoucisseurs - en tolère curieusement 200 mg/L c'est-à-dire 10 fois plus. Il y a aussi du sel dans la mer mais en quoi cela signifie-t-il qu'il convient d'en rejeter ? Les directives européennes n'interdisent-elles pas d'ailleurs de rejeter de l'eau polluée ? A quoi servent les clapets anti-retour à installer en amont des appareils s'il peut y avoir un rejet d'eau de lavage en aval ? Autant d'absurdités à l'avantage des absurdes adoucisseurs qui, si la réglementation était correctement appliquée, devraient être tout simplement interdits ! Il existe de nombreuses solutions anti-calcaires sans impact sur l'environnement !
« Ensuite, les quantités de sels évacuées sont très faibles. De l’ordre de quelques dizaines de grammes pour une consommation de 100 litres par jour et par personne. » Quel rapport entre ces deux chiffres ? D’un côté les rejets en sel via l’eau de nettoyage des résines, de l’autre la consommation d'eau tous usages confondus… Et pourquoi donc ne pas être précis et donner le grammage exact rejeté ? « 40 grammes de sel sont rejetés à l’égout lors de la régénération, une à deux fois par semaine, pour une consommation de 100 litres d’eau par jour et par personne » précise le technicien d'une grosse marque sur un forum de construction.
Un internaute s'est amusé au calcul : « 40g de sel * 4 pers * 2 régénérations par semaine * 52 semaines =16640g de sel rejetés, soit 16,5 kg/an, infime effectivement. Et pour une ville entière ? Sachant que chez mes parents, l’appareil consommait plutôt 4 sacs de 25kg/an…» soit donc 100 kg ! Les sacs de sels régénérants (= 99,5 % de chlorure de sodium) consommés tous les ans permettent de mieux visualiser l'impact de l'adoucisseur sur son environnement...
Le dernier argument « écologique » ? Les eaux rejetées par les adoucisseurs ne représenterait que 1% du « volume total des eaux consommées et rejetées ». La belle affaire ! Une pollution quantitativement faible (tous les foyers ne sont heureusement pas équipés d’un adoucisseur) n’en reste pas moins une pollution !
Conclusion : beaucoup de mensonges pour la pire des solutions
Au final, force est de constater que les fabricants et leurs communicants racontent les bobards qu’ils veulent sur leurs sites et pages spécifiques. Ne pas prendre les clients pour des cons mais ne pas oublier qu’ils le sont ? L’objectif est évidemment de pousser les plus naïfs à investir. « Les pros du sujet – et vous aussi maintenant ! – parlent d’une eau dure pour désigner une eau de nature très calcaire. » Faire croire, à coup d’informations biaisées et orientées, que l’on est devenu expert…
Que des multinationales aux moyens marketing quasi illimités essayent de fourguer leurs cochonneries est malheureusement un classique. Il est toutefois question ici de qualité d’eau et il est donc très étonnant que les pouvoirs publics laissent se dégrader ainsi la potabilité de leur eau (et la ressource en eau) sans rien dire, sans rien faire, en dépit de la réglementation. Conflit d’intérêt, corruption ou simple incompétence ?
Les adoucisseurs à sodium obtiennent la pire note (-20/20 !) dans le classement des dispositifs de traitement de l’eau du livre La qualité de l'eau. Il est difficile de faire pire (ou plus risqué) mais on peut toujours espérer faire beaucoup mieux : gérer sa problématique calcaire tout en optimisant la qualité de son eau de consommation via un dispositif anti-calcaire adapté (généralement magnétique), intégré ou non à un dynamiseur, idéalement en complément d'un filtre de base. Alors on retrouve le plaisir de boire une eau au naturel véritablement biocompatible, alors on bénéficie enfin d’une hydratation de qualité !
Pour en savoir encore plus sur les dangers des adoucisseurs à sel et les alternatives écologiques :
L'article-dossier sur les dangers des adoucisseurs à sodium et les alternatives sans sel Les solutions eau pour la maison : www.solutionsbio.ch
Vidéo Conférence-Tutoriel : La vraie qualité de l’eau (21’58) L'eau adoucie sur le portail de référence sur l’eau : www.lemieuxetre.ch Mon livre La qualité de l’eau (Ed. Médicis, 2020)
Synthèse pdf de 15 pages: La qualité de l'eau et le plaisir de boire
Me contacter pour une analyse gratuite et experte de votre situation : +41 (0)76 532 8838 (rappel possible), sms ou mail
Faire un article qui essaie de passer pour rigoureux, et finir par conseiller un dynamiseur hahahaha fallait oser. Pseudo-science ridicule et sans aucun fondement crédible.
> l'eauadoucieest-elleagréableàboire?Laréponseestnon:l’eauadoucieaungoûtdouceâtreassezdésagréablequiinciteplutôtàconsommeralorsdel’eau en plastique…etdonc,auregardducoût,ànepasboiresuffisamment!Lepremierrisqueavecunadoucisseuràselestdoncundéfautd’hydratationd’oùdécouleraalorstouteunesériedeproblèmesdesanté…
L'article dénonce des raisonnements fallacieux dans le chef des fabricants d'adoucisseurs, mais ne se prive pas de faire ses propres raisonnements fallacieux, celui cité étant quand même un magnifique exemple d'argument de mauvaise foi... Pour le démontrer par l'absurde, si un mauvais goût de l'eau implique une déshydratation par effet indirect de sous-consommation, alors tous ceux qui ont au robinet de l'eau très chlorée, doivent être déshydratés...? Pfff. Faut arrêter de raconter n'importe quoi.
En plus sont mis en avant les anti-calcaires magnétiques, dont il est prouvé qu'ils ne servent à rien du tout, c'est de l'arnaque marketing.
Et aussi l'affirmation que ça ne sert à rien de brancher l'adoucisseur sur le circuit d'eau froide. Misère!…