Une curieuse question-affirmation de la journaliste-médecin (à 15:42) dans l’émission Allô Docteurs intitulée "Bien choisir son eau" (mai 2020) : "Il n’y a [donc] pas d’intérêt à varier les eaux minérales " ? Réponse savante et incompréhensible du médecin nutritionniste puis approche qualitative, sans dogmatisme ou langue de bois, de l'auteur du livre La qualité de l'eau (Ed. Médicis). Pourquoi faudrait-il changer régulièrement d’eau ? Y a-t-il un risque à consommer toujours la même eau ? A vous de choisir votre source… d’information !
Dans la foulée de l’importance de la lecture des étiquette, la journaliste médecin s’interroge à voix haute : « Sinon il n'y a [donc] pas d'intérêt à varier les eaux minérales ? » Curieuse question-affirmation de la part d’un médecin qui illustre bien la confusion de la médecine en général et de l’émission en particulier vis-à-vis de la qualité de l'eau.
Ce conseil est en effet généralement la rengaine des médecins. Comme il serait professionnellement suicidaire de remettre en cause les minéraux, le médecin suggère plutôt de changer régulièrement de marque (avec un peu de chance sans changer de multinationale, le leader mondial Nestlé possédant plus de 70 marques) afin de limiter l’encrassage de l’organisme… et diluer la responsabilité individuelle de chaque étiquette.
Cette variante du « il faut manger de tout » des nutritionnistes inféodés aux industriels de la malbouffe véhicule l’idée curieuse selon laquelle multiplier les mauvais produits permettrait, à force de malentendus, de mieux couvrir les besoins de son organisme.
Donnée par un médecin, cette réponse signifie : « Je n’y connais pas grand-chose [la qualité de l'eau ne fait curieusement pas partie de la formation des médecins] mais je ne souhaite surtout pas prendre le risque de vous induire en erreur et de devoir en assumer la responsabilité » Rappelons que les eaux minérales étaient préalablement vendues en pharmacie, comme des médicaments… et que les médecins ne sont pas non plus correctement formés aux médicaments !
Mais le médecin ne fait pas la réponse convenue et avance plutôt un étrange : « Non, globalement le delta va être assez faible sur les consommations. »
Le sens de cette réponse savante est pour le moins obscur mais pourrait contredire ce qu’il venait de dire à propos des sportifs : une fois ferrés par le marketing, les consommateurs varient finalement peu de marques… et boivent donc la tasse !
A moins qu'il ne s'agissent de la consommation des minéraux ? Les variations d'assimilation des minéraux seraient assez faibles vu que nous sommes hétérotrophes et devons quasiment tout éliminer ? Nous aurions alors là un véritable scoop-vérité de la part d'un médecin...
Ou alors, mais plus surprenant : le médecin n'y connaît simplement rien en eaux minérales (comme un autre médecin nutritionniste célèbre) et estime que les teneurs en minéraux varient peu entre marques ? Pas logique toutefois au regard de ses déclarations précédentes sur les eaux faiblement minéralisées recommandées pour les nourrissons.
Bref, le mystère de cette phrase demeure entier et il est bien dommage - mais c'est un classique - que les journalistes n'aient pas essayé de l'éclaircir. La confusion serait-elle plus rentable ?
Au final, convient-il de varier ses marques d’eaux minérales ?
« Un intellectuel est quelqu’un qui est rassuré lorsqu’il n’est pas compris » se moquait Pierre Perret. La réponse officielle de la Science ou de la Médecine (en tout cas de l’expert de l'émission Allô Docteurs) participe au flou général et semble en effet dire – en accord avec la journaliste-médecin – qu’il est inutile de varier ses eaux car cela ne change pas grand-chose.
Essayons de notre côté d’être un peu plus limpide :
Un bon nombre d’eaux minérales sont dangereuses à moyen terme car beaucoup trop chargées en minéraux inorganiques, mal assimilés par l’organisme.
A la limite, consommer de l'eau chlorée du robinet pourrait même être moins problématique que ces eaux fortement minéralisées.
Varier ses eaux minérales est donc indispensable afin de ne trop encrasser son organisme et développer – par exemple – des calculs rénaux.
L’alternative est toutefois de lire attentivement les étiquettes et de sélectionner une eau minérale ou une eau de source faiblement minéralisée (moins de 200 mg/L, idéalement moins de 50 mg/L), à laquelle il sera alors possible de rester fidèle.
La meilleure eau à boire - et il n'y a alors pas de raison d'en changer - est celle qui est biocompatible c'est-à-dire correspond aux besoins de l'organisme, qui fait plaisir et que l'organisme redemande.
Les meilleures marques d'eaux (faible minéralité et pH légèrement acide) sont par ordre croissant de minéralité : Lauretana (14 mg), Mont Roucous (19 mg), Rosée de la Reine (26,8 mg), Mont Calm (32 mg), quelques eaux de source locales, éventuellement Volvic (130 mg). Evian, 345 mg/L et pH de 7,2 est une eau médiocre mais qui ne fera pas de dégât. Idem avec toutes les eaux recommandées pour les nourrissons.
Hors plaisirs ou transgressions (notamment avec les eaux gazeuses des restaurants), le seul besoin éventuel de changement d’eau sera très ponctuellement dans le cas de constipation pour l’effet laxatif des eaux riches en sulfates et magnésium (Hépar, Contrex,…)
Vu le coût à l’année de ces « meilleures eaux » et la pollution plastique engendrée, il sera toutefois préférable de filtrer et de dynamiser son eau du robinet. On obtiendra alors une eau biocompatible, douce et agréable à boire, sans plastique et sans risques… dont il sera alors difficile de changer !
Autre question via l'émission Allô Docteurs ?
Pour en savoir plus sur la qualité de l'eau et comment mieux boire :
Article de base pour éviter les arnaques de l'eau.
Les 3 problématiques et solutions Eau : www.solutionsbio.ch/eau Vidéo Conférence-Tutoriel : La vraie qualité de l’eau (21’58) Le portail de référence sur l’eau : www.lemieuxetre.ch/eau Les Fiches pdf : Comparatif des eaux minérales / Comparatif des solutions Eau Mon livre La qualité de l’eau (Ed. Médicis, 2020) Me contacter pour une analyse gratuite et experte de votre situation : +41 (0)76 532 8838 (rappel possible), sms ou mail
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